Canidé percuté en forêt de Fontainebleau en janvier 2023

P. Lustrat

Un canidé a été percuté par un véhicule sur la RD 607 en forêt de Fontainebleau. Les photos de son cadavre rappelant un loup, aussitôt la presse locale et même nationale en fait ses gros titres, appuyés par d’innombrables « spécialistes » du loup qui confirme son identification alors que l’Office Français de la Biodiversité n’a pas encore fait les analyses génétiques nécessaires à l’identification formelle de l’animal…

Les photos pourraient faire penser à un véritable loup, mais certains critères sont absents comme le liséré noir sur les pattes, la couleur parait bien claire, le ventre parait bien gros et indique un animal bien nourri…

Attendons les conclusions des analyses et ne crions pas au loup avec l’observatoire du loup qui voit un loup dans n’importe quelle vidéo floue ou vision de joggeur citadin…

Si cette identification est confirmée, ce serait bien la première preuve sérieuse de la présence de loup en forêt de Fontainebleau.

Cependant il est probable que des loups traversent notre région, les Alpes commençant à être bien colonisées, les jeunes loups doivent trouver de nouveaux territoires et se déplacent beaucoup.

Alors, le loup pourra-t-il s’installer en forêt de Fontainebleau ? Il pourrait trouver en effet suffisamment de proie pour vivre, et n’oublions pas que de plus en plus de troupeau de moutons sont présents dans et autour de la forêt et qu’il s’agit d’une des proies favorites du loup. Le nombre de chiens perdus est aussi très élevé (plusieurs signalements toute les semaines) et  les loups aiment se nourrir de chiens (ce qui explique peut-être le nombre élevé de chiens non retrouvés en forêt…).

En tout état de cause, s’il y a présence de loups en forêt de Fontainebleau, elle doit être anecdotique, aucune carcasse n’ayant été trouvée à ma connaissance, mes nombreux photos pièges en forêt n’en ont pas filmés, mes prospections journalières diurnes mais aussi nocturnes n’ont relevées aucun individu, ni trace, mes écoutes nocturnes n’ont pas permis de les entendre…Mais un individu en déplacement est cependant possible.

En cas de présence de loups, rappelons qu’il n’y a aucun danger pour l’homme ; j’ai dormi dans la plupart des pays européens, seul, à la belle étoile dans des forêts où vivent les loups sans aucun problème. (je ne parle pas de dormir dans une cabane au milieux d’enclos où tournent de pauvres loups captifs…)

Enfin, voici un petit texte sur l’historique de la disparition du loup en forêt de Fontainebleau (Source Atlas des mammifères de Seine et Marne. 2000 ; Coordinateur : Philippe Lustrat. Publications Nature Recherche. 80 pages) :

Le Loup s’est éteint en France en tant qu’espèce reproductrice entre 1930 et 1939.

Autrefois, le Loup était abondant en Seine et Marne. Loiseau (1970) rapporte qu’ils étaient « fort nombreux jusqu’au XVIIIe siècle » et « qu’ils répandaient bien souvent la terreur parmi les populations riveraines de la forêt ».

Les registres paroissiaux de Bois-le-Roi (petite commune au nord de la forêt) mentionnent que plusieurs bûcherons auraient été dévorés par des Loups en 1679. En 1804, « il y eut recrudescence du nombre de Loups dans la forêt et l’on tua 180 Loups en Seine-et-Marne » (Loiseau, 1970). La fin du 18ème siècle voit les populations de Loups décliner. En 1875, le Loup n’est plus présent que dans 65 % des départements français, et en 1895, que dans 50 % !

En 1854, Jean de Sinéty, qui fut louvetier, indique que le Loup n’est « pas très commun en Seine et Marne » (Gauthier, 1938). Le dernier Loup aurait fui la forêt « lors du grand hiver de 1870 par un soir de décembre », ce loup « fut pris à Vulaines, alors qu’il passait la Seine. Depuis cette date, on n’en a jamais revu » (Dalmon, 1935).

Pour détruire les Loups, des « battues gigantesques » étaient organisées où l’on mobilisait les habitants de toute une région : certains bois furent même incendiés pour détruire les portées, ce qui était un moyen radical ! (Lustrat, 1993)

François 1er créa des offices de louveteries placées sous la direction d’un Grand Louvetier. Des primes étaient offertes pour la destruction des Loups. Des « fosses à Loups » furent creusées sur le pourtour de la forêt de Fontainebleau (fosse aux Loups à Nanteau sur Lunain et à Villemer par exemple).

Plusieurs toponymes forestiers indiquent l’omniprésence de l’animal en forêt de Fontainebleau, dans l’ancien temps : carrefour du Loup, gorge aux Loups, carrefour de la Louve, route de la Louve, route du Loup, route du louvard et route du louveteau.

Avec ma plus belle photo de cerf faites pendant le brame en forêt de Fontainebleau cette année, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin de Noêl et je vous remercie pour vos passages sur ce blog (20 000 pages vues cette année), qui me motivent pour me lever le matin avant le jour afin d'aller photographier la faune sauvage...

Récits des nuits que j'ai passé en forêt en France et ailleurs afin d'observer et de photographier les animaux sauvages...

Mes nuits sauvages

Première fois que j'observe un contacts entre biches et chevreuils. Je ne sais pas laquelle des 2 espèces était la plus inquiète... On remarque la grande différence de taille entre les 2 espèces !