Le Chevreuil est réparti sur la presque totalité de l’Europe. On appelle faon le jeune de 0 à 6 mois, puis chevrillard jusqu’à 12 mois ; ensuite, s’il s’agit d’un mâle, on le nomme brocard, et chevrette s’il s’agit d’une femelle.
C’est un animal de petite taille (hauteur au garrot : 60 à 80 cm) pour un poids de 20 à 25 kg en moyenne. Seul le mâle porte des bois qui tombent tous les ans entre octobre et décembre. La croissance des nouveaux bois, protégés par une peau recouverte de poils fins appelée « velours », va durer de 2 à 3 mois. La découverte de ces bois tombés est difficile : je n’en ai trouvé que 2 : un rongé par les Mulots au bois de la Dame, et un autre plaine de Macherin.
Le 10 novembre 1979, Serge Girault a trouvé une paire de bois de chevreuils très petits, l’un à côté de l’autre dans le bois de la Dame, alors que j’étais à côté de lui, et que nous cherchions des bois de cerfs.
Le chevreuil est un animal forestier, mais qui affectionne les lisières, et peut même vivre en plaine. La diversité et l’hétérogénéité du milieu sont nécessaires au chevreuil, car il a un comportement alimentaire très éclectique. Il se nourrit de végétaux ligneux et semi-ligneux, ainsi que de plantes herbacées, de fruits forestiers, et ne dédaigne pas les champs de céréales.
En décembre 1978, j’ai observé une harde de 9 chevreuils dans le bois de la Dame, 2 étaient en velours et se battaient en se poussant de la tête.
En avril, j’ai observé 2 chevrettes se battre : têtes baissées, front contre front, elles se poussent violemment, puis se poursuivent et disparaissent.
En juin 1980, au crépuscule, j’ai trouvé un faon sur le chemin de bornage du Petit Barbeau ; je l’ai observé de loin à la jumelle, il était encore mouillé et ne possédait pas de tâche, il devait être né il y a quelques heures à peine. Il émettait une sorte de sifflement pour appeler sa mère. J’ai fais demi-tour pour laisser celle-ci le récupérer.
Le rut du chevreuil se déroule en été ; j’ai observé le déroulement de ce comportement en allant tous les jours (soit le matin, soit en fin d’après-midi) en juillet et août 1985 dans mon affût situé dans une régénération naturelle de chênes du bois de la Dame : généralement, le mâle, cou tendu à l’horizontale, poursuit la femelle en émettant une sorte de sifflement, dès que la femelle s’arrête, le brocard pose sa tête sur la croupe de la chevrette. Aussitôt, elle repart au trot ou au galop, poursuivi par le mâle ; ils font ainsi de grands cercles autour des arbres ou des buissons. Ce manège dure 5 à 10 minutes. Puis ils se remettent au gagnage quelques temps, et le manège recommence... jusqu’à ce que la femelle reste immobile lorsque le mâle pose sa tête sur sa croupe : alors le brocard la couvre durant quelques secondes. L’accouplement est bref, mais se renouvelle plusieurs fois de suite.
Le chevreuil peut causer des dégâts sylvicoles, en se nourrissant d’extrémités de jeunes pousses, ou en frottant ses bois contre les jeunes plants. Ces dégâts sont peu importants quand la population est en équilibre avec le milieu, d’où la nécessité d’ajuster la densité du cheptel à la richesse du milieu. En effet, il existe des techniques de protection mécaniques ou chimiques, mais il est préférable de prendre en compte la cohabitation chevreuil/sylviculture dans le plan d’aménagement forestier, aussi bien que dans la gestion de la population de chevreuils.
De 1984 à 1986, j’ai effectué une étude sur la tendance grégaire* chez le chevreuil en milieu forestier (Lustrat, 1992) dans une parcelle en régénération naturelle de chênes dans le Bois de la Dame, au nord-est de la forêt. Pendant 3 ans, j’ai suivi le même site en effectuant plusieurs visites matinales ou crépusculaires, et j’ai noté la composition de tous les groupes de chevreuils observés. 470 observations ont permis de conclure au fait que le chevreuil n’est pas un animal solitaire toute l’année, puisque durant l’automne et l’hiver, la majorité des animaux sont observés en groupe.
J’ai constaté une évolution de la tendance grégaire des chevreuils au cours du cycle annuel : en automne et en hiver, respectivement 71 % et 62 % des animaux sont observés accompagnés d’au moins un autre animal, alors qu’au printemps et en été, les Chevreuils manifestent une tendance individualiste, puisque seulement 25 % et 23 % des animaux sont notés en groupe.
En forêt de Fontainebleau, la population de chevreuils est estimée à 300/350 individus en 1980, et à 300/400 animaux en 1985. Elle n’a guère évoluée depuis.
Les dérangements excessifs (chiens, photographes), surtout pendant la mise à bas, et les accidents avec les voitures constituent avec la chasse et le braconnage les principales causes de mortalité des chevreuils.
Collisions chevreuils en forêt domaniale de Fontainebleau
(source : O.N.F. de Fontainebleau)
Années
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Nombre de chevreuils tués sur les routes
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1989
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21
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1990
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16
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1991
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10
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1992
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18
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1993
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9
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1994
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18
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1995
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11
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1996
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31
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novembre 1997
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19
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Tableaux de chasse (source O.N.F. de Fontainebleau)
Saisons
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Nombre de chevreuils tués
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1977-78
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11
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1978-79
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19
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1979-80
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?
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1980-81
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26
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1981-82
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17
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1982-83
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4
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1983-84
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6
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1984-85
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2
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1985-86
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?
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1986-87
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?
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1987-88
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?
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1988-89
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65
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1992-93
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16
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1993-94
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9
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1994-95
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8
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1995-96
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6
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1996-97
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15
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Bibliographie :
Lustrat P. (1992) Tendance grégaire chez le Chevreuil en milieu forestier. Bull. ANVL. Vol. 68. N° 1 : 4-5.