• Les sangliers de la forêt de Fontainebleau




    Extrait de : Les animaux sauvages de la forêt de Fontainebleau
    P. Lustrat. 1998. Les éditions du Puits fleuri.

    Le Sanglier est la dernière « bête sauvage » capable de nous effrayer, lorsque de nuit, on s’aventure en forêt. Ses grognements ou le bruit de sa fuite sont d’ailleurs souvent le seul contact établis avec cet animal farouche. Si le sanglier est discret, les traces de son passage le sont moins : il laboure le sol à l’aide de son puissant groin à la recherche de vers ou de rongeurs. Les sangliers sont donc très utiles en forêt, car ils ameublissent et aèrent la terre, enfouissant des graines et des fruits. Par contre, dans les cultures, les dégâts peuvent être considérables et nécessitent la pose de protection (grillage ou fils électriques) en des endroits bien précis, afin de ne pas empêcher les déplacements de ces animaux.
    Rencontrer le sanglier en forêt est difficile ; doué d’un excellent odorat et d’une ouïe très fine, il repère l’observateur de loin et l’évite. L’affût près des lieux de gagnage (lisière de champs) ou près des souilles permettra d’observer le sanglier, à condition d’être placé sous le vent, ou mieux d’être perché. Il est préférable de tenter d’observer le Sanglier par nuit de pleine lune, car il est bien souvent nocturne. Si l’on est silencieux et placé à bon vent, il est possible de l’observer de très près car sa vue est médiocre, et un observateur immobile est confondu avec un arbre.

    Par des nuits claires, j’ai parfois suivi ainsi de très près des compagnies de sangliers sans qu’ils ne se doutent de ma présence, les accompagnant dans leurs errances nocturnes.

     

    Les laie construisent un nid douillet appelé chaudron composé surtout d’herbes pour mettre bas leurs petits. J’ai trouvé plusieurs fois de tels abris, dans les jeunes sapins de la Behourdière ou de la plaine de Macherin. Près des étangs de Sorques, une laie vient mettre bas tous les ans, vers la fin février dans les hautes herbes d’une petite île, à quelques mètres du bord ; elle quitte ses petits à la nage pour aller se nourrir.

     

    Un jour très froid de décembre, sur les hauteurs de la Solle, un marcassin en livrée, venu de je ne sais où, nous a suivis toute la matinée Michel Agron et moi-même, se laissant presque toucher.

     

    Les laies accompagnées de marcassins ont la réputation d’être agressives. Néanmoins, elles chargent rarement. J’ai plusieurs fois approché à quelques mètres des marcassins, la mère est restée à proximité, grognant et grinçant des dents, en attendant mon départ. Une seul fois, une laie m’a chargée, alors que j’étais à un mètre de ses marcassins pourtant déjà grands, et j’ai dû me réfugier dans un arbre en attendant le départ de la compagnie,  composée de 5 adultes et de 20 jeunes...

     

    Le sanglier vit presque toujours en bande. 12 % seulement de mes observations concernent des individus isolés.

     

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    Données historiques 
     

     

    Le docteur Paulet (1740-1826), médecin en chef des hospices de la ville, a constaté que les sangliers avaient été détruits pendant la révolution, et que l’on devait à leur disparition, le pullulement des serpents (Alleau 1967).Au temps de Charles V, la forêt de Fontainebleau « était si abondante en bêtes rousses et noires » (Loiseau, 1970). En 1935, Dalmon indique que le sanglier « n’est plus qu’un hôte, espèce d’animal de passage, vagabondant et rare ». Loiseau, en 1970 écrit que « victime de l’urbanisation et des battues, il se raréfie, mais n’a pas disparu ».  

     

    L’effectif de la population de sangliers de la forêt de Fontainebleau n’est pas connu avec précision en raison des difficultés, voire de l’impossibilité de compter ces animaux.

     

    Le sanglier est chassé uniquement en battue, L’office National des Forêts encourage le tir des animaux de moins de 50 kg.
    Le braconnage du sanglier se fait généralement à l’aide de collets disposés dans les ronciers (fabriqués avec des câbles de vélo) comme j’ai trouvé aux Vieux-Rayons,  un chien encore vivant capturé avec un tel piège, ou avec de puissants pièges à mâchoires.

     

    Un jour d’été, j’ai trouvé dans les Monts Girards, un gros solitaire mort, le groin brisé certainement par une voiture. Je me poste en affût avec François Mougeot le soir suivant, pour voir quels animaux viennent se nourrir du cadavre. Mais il n’y a que des jeunes sapins, impossible de nous percher, et nous devons quitter notre affût dès la nuit car il n’y a pas de lune. Le lendemain, je viens, de nuit avec une lampe, et je fais fuir une bande de Sangliers en train de dévorer le cadavre de leur congénère, ce qu’ils ont fait en quelques nuits...

    Le sanglier entre parfois en ville comme j’ai pu le constater à Samois (dans les chemins entre les maisons) et même parfois à Fontainebleau, venant manger dans les poubelles des maisons situées en lisière de forêt.
      

     


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     Extrait de :  40 animaux faciles à voir en forêt. 2005.Tetras éditions.       

     


    Le dernier à nous faire peur 

    Le sanglier est la bête sauvage qui incarne le mieux la forêt primitive. C'est aussi le dernier animal sauvage a nous faire peur… Bien qu'il n'y ait aucun danger à croiser une compagnie de sangliers, ou un vieux solitaire, il faut bien avouer que l'on sent son cœur battre plus vite en cas de rencontre à faible distance ! Pourtant, même accompagnée de ses marcassins, le sanglier ne charge pas l'homme à moins d'être blessé, ou… d'être issu d'un élevage où il a appris à venir vers l'homme chercher sa nourriture ! 
        

     

    Quel sexe et quel âge ?

     

    La femelle a les oreilles pointues, un boutoir (museau) nu et gris, et ses crocs sont moins développés que chez le mâle ; ses mamelles sont apparentes quasiment toute l’année  Le mâle a une hure plus courte, un avant-train plus massif et plus lourd, son aspect d’ensemble est plus ramassé. Ses défenses sont beaucoup plus longues que chez la femelle.Les « suites » (nom donné aux testicules du sanglier)  sont visibles entre ses cuisses, ainsi que le "pinceau" (pénis).  Les empreintes permettent de différencier les sexes : les pinces (extrémités des empreintes) des femelles sont plus pointues et plus écartées à leurs extrémités que celles des mâles. Les gardes (ou « os », sont les deux onglons qui terminent les doigts rudimentaires des ongulés) débordent des empreintes chez le mâle. 

     


    Au printemps : Une joyeuse compagnie

     

    Les premières portées ont lieu au début du printemps. La laie s’isole pour mettre bas. Elle construit un nid appelé « chaudron » dans un endroit bien caché : sous les branches basses d’un sapin, sous un chablis ou dans un tas de branches, voire un roncier épais. Elle le garnit de fougères, mousses, et herbes. Le nid ressemble à un tas de foin ou à une gigantesque fourmilière. A la naissance des jeunes (1 à 8 marcassins), il ne faut pas s’approcher car certaines mères sont agressives. Les marcassins peuvent se tenir debout au bout de quelques heures. Mais ils restent au gîte une semaine, la mère restant avec eux la plupart du temps. Au bout de 2 à 3 semaines, les jeunes suivent la mère qui retrouve d’autres laies. Les animaux vivent alors en compagnie bruyante car les jeunes jouent et se battent sans cesse.

     


    Bon à savoir :

    Des coulées bien marquées

     

    L'observation des marcassins est amusante, car ils ne restent jamais en place ; ils n'arrêtent pas de jouer et de se battre. Il faut rechercher les compagnies le soir à la tombée de la nuit en forêt, près des lieux où ils vont se nourrir. Lors des pluies printanières, ils recherchent les vers qui remontent dans les prairies ou sur les bordures herbeuses des chemins et routes.

     

    Ils commencent aussi à fréquenter les cultures. Par nuit de pleine lune, si le temps est dégagé, il est possible de les observer se nourrir dans les champs. Les coulées qu'ils utilisent et les traces qu'ils laissent permettent de localiser les passages qu'ils utilisent. On peut les guetter le soir lorsqu'ils  sortent des bois (de préférence dans des affûts perchés, car ils sont très prudents au moment où ils quittent la sécurité de la forêt), ou au contraire le matin, mais les horaires de rentrée sont variables.

    En été, il est bruyant mais très attentif aux bruits.

     

    Le sanglier se nourrit d’herbes dans les prairies, puis il creuse à la recherche de vers, d'insectes et de leurs larves, ainsi que de rongeurs.
    En été, il fréquente assidûment les cultures où il cause des dégâts.Afin de maintenir les sangliers en forêt, ils sont parfois agrainés pour qu'il n'aille pas se nourrir dans les champs. Les grandes chaleurs l’incitent à se souiller beaucoup. Le soir, dès qu'il quitte sa bauge, il va directement à une souille où, après s'être roulé dans la boue, il se frotte contre les arbres.

     

    En fin d'été, les laies ont parfois une deuxième portée. On peut observer à cette époque des compagnies nombreuses avec des sangliers de toutes les tailles et de tous les ages : laie avec leurs jeunes nés au printemps, ainsi que leurs marcassins nouveaux nés, mâles adultes et jeunes mâles.

     

    L'été est la saison idéale pour observer les sangliers. Les nuits sont courtes et les sangliers, qui passent beaucoup de temps, à se déplacer, se souiller et se nourrir s'activent souvent alors qu'il fait jour. Les chauds mois de la saison sont parfais pour affûter près des souilles, mais attention, les sangliers ont l'ouie et l'odorat extrêmement développés.  Il faut impérativement se percher dans un arbre pour qu'ils ne puissent nous sentir et resté silencieux ! On entend les compagnies arriver de loin car les bagarres entre individus sont fréquentes et se traduisent par des poursuites avec grognements et couinements, mais les solitaires arrivent sans un bruit, même sur un tapis de feuilles sèches ! C'est alors qu'il faut éviter le moindre bruissement que le sanglier distingue même alors que la forêt craque de partout sous le vent violent !  

     Bon à savoir : l’aide des professionnels

     

     

    La méthode la plus facile pour observer les sangliers, mais la moins naturelle consiste à suivre les sentiers où ils sont agrainés, ou de faire des affûts près des points de nourrissage. On peut demander au gestionnaire des forêts la localisation des sites d'agrainage.

     

    Les affûts dans les champs où on l'observait au printemps peuvent se poursuivre avec succès en été. Si l'on connaît un agriculteur, on peut lui demander de positionner une remorque dans les champs : elle fournira un excellent point d'affût, un peu en hauteur pour observer au dessus des cultures, et les animaux ne feront pas attention à un objet qu'ils ont l'habitude de voir.

     

     En automne, faire bombance

     

    Les sangliers prennent leurs livrées d'hiver : une bourre épaisse pousse sous les rudes soies noires à pointes rousses.
    Ils  profitent de l'abondance de nourriture pour faire des réserves de graisse pour l'hiver. En effet, à cette époque, la nourriture est abondante partout : dans les champs où l'extension des cultures de maïs lui fournit gîte et couvert, mais aussi en forêt où glands, champignons, châtaignes, et autres fruits de la forêt sont plus ou moins abondants selon les années. Une bonne nourriture automnale est importante car elle influence le rut et la reproduction. Dès le mois de novembre, les jeunes mâles sont évincés des compagnies de femelles et vivent en troupes de célibataires. Les sangliers dominants de la compagnie les empêchent d'approcher des laies durant tout le rut.  

     

    Bon à savoir : Guettez les charognes
    L'affût en lisière des champs de maïs est toujours d'actualité ; en fait, hormis en hiver, le sanglier peut être affûté dans les cultures toute l'année ! La présence de bottes de pailles ou de tas de betteraves fournit des affûts naturels auxquels les animaux sont habitués. L'affût aux souilles est aussi toujours satisfaisant.

    Les années de bonne glandée, l'affût dans les futaies de chênes peut donner de bons résultats. Il faut se percher sur une grosse branche pour neutraliser les odeurs.

    La découverte d'un animal mort, quelque soit l'espèce (animal accidenté par la route, mort suite à une blessure à la chasse, etc…) apporte l'opportunité d'observer le comportement charognard du sanglier. Faire l'affût rapidement, car les cadavres disparaissent très vite ! En effet, une compagnie dévore un cerf en une nuit ! 
     

    En hiver, des victoires de courte durée

    L'hiver est l'époque du rut. Les sangliers mâles adultes tournent autour des compagnies de femelles et guettent les femelles en chaleur.

    C'est l'époque où les vieux solitaires quittent leurs mystérieuses retraites pour se reproduire. La possession de la compagnie de femelles donne lieu à des combats entre mâles. Le vainqueur pourra se reproduire, mais les sangliers se déplacent beaucoup à cette époque, et chaque victoire n'est que provisoire !

    Fin janvier, le calme revient en forêt, les compagnies se reforment, composées des laies et des mâles qui ont maintenant rejoint le groupe.

    L'hiver est une période difficile pour les sangliers : la nourriture est rare, le sol gelé est difficile à fouiller, les vers et petits rongeurs sont enfoncés profondément dans le sol, hors de portée. 
     

    Bon à savoir :

    Au hasard des chemins…

    Les sangliers sont difficiles à observer en hiver. Ils se déplacent beaucoup, que ce soit pour la reproduction ou pour se nourrir. La chasse l'incite à changer régulièrement de cantons, et à se montrer encore plus prudent dans ses déplacements. Dans ces conditions, l'observation du sanglier dépend beaucoup du hasard et de la chance…

    La billebaude (promenade au hasard à la recherche des animaux) permet de prospecter de nouveaux secteurs, et parfois de faire de belles observations, car les animaux affamés, sortent parfois

     
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